La pêche sur la cote ouest de l'île de La Grenade.

Toutes les Antilles sont belles, mais certaines le sont plus encore. Prenez la Grenade. Une île haute, accidentée, modelée par le volcanisme, avec ses lacs de cratère et ses pentes recouvertes par la forêt tropicale. Un vrai jardin d’Éden, où cascadent les chutes d’eau, prospèrent les pommes d’or et la muscade. Cette épice a largement modelé l’histoire moderne de la Grenade. Elle a couvert ses pentes de plantations, l’a enrichie aux heures fastes et appauvrie après les ravages des rares cyclones. La muscade parfume tout : les glaces, le ti punch, les ragoûts, les étals colorés du marché de St George’s.

Saint-Georges (St George’s), l’élégante capitale de la Grenade, posée au creux d’une baie de la côte ouest, a été fondée sur ordre de Richelieu, en 1650. L’île était alors française et le resta jusqu’au désastre du Traité de Paris, en 1763. Le patois local, les noms de lieu, parfois amusants, en ont gardé le souvenir.

A une quinzaine de km de St George’s sur la cote ouest un trouve la petite ville de Gouyave, qui est aussi le chef lieu de la paroisse de Saint John Une des six paroisses qui forment la division administrative de l’île. Ou il faut ajouter les dépendances que sont Carriacou, Petite Martinique plus quelques îlots inhabités comme l’île Ronde.

Gouyave s'étend le long d'une plage de sable fin. Les deux principales activités sont la culture de la noix muscade et la pêche qui garde ici un aspect artisanal et même folklorique. Elle se pratique depuis la plage avec un grand filet qui va être déroulé à l'aide d'une barque en formant une grande boucle qui sera ensuite tiré à la force des bras, emprisonnant les poissons qui s'y trouvent. Le résultat n'est pas toujours à la hauteur de l'espérance des pêcheurs.

Les barques attendent sur le sable. Il n'y a pas de port à Gouyave

Les hommes se positionnent et commence à hâler le filet.

Au début le filet est très lourd mais pour l'instant la frénésie n'a pas encore gagné les pêcheurs.

Il va falloir plusieurs heures pour amener le filet sur la plage. En attendant une petite sieste à l'ombre de la barque s'impose

Oh hisse! tout le monde vient donner un coup de main

Lui c'est le chef ! il donne ses ordres debout sur sa barque aux couleurs rastas !

Indifférents à la beauté de la mer des Caraïbes les hommes s'échinent sur ce satané filet.

Il faut donner un coup de main à tirer la petite barque sur le sable

Petit à petit le piège se referme, grâce aux efforts des pêcheurs.

Plus la boucle se ferme et se réduit plus de gens viennent joindre leurs bras à ceux qui y sont depuis des heures...

Il y a de plus en plus de monde sur la plage. La fièvre gagne tous les participants. Dans quelques instants les poissons vont frétiller dans la nasse formée par le filet.

Nous y sommes, les pêcheurs découvrent leurs prises. Aujourd'hui, ils seront un peu déçus. Mais ce soir devant l'éternel Ti Punch les rires vont reprendre le dessus.

Il n'y a pas de prises intéressantes, pas de tortue qui même si la pêche en est interdite, représente pour ces hommes une proie de choix qu'il faut rapidement cacher...

Le plus gros de la journée, un petit "Muge"

Voilà l'ennemi public numéro un! un poisson lion qui attaque et mange tous les autres. Sa prolifération entraine la disparition des autres espèces.

Cette rascasse volante est un poisson ovipare. La femelle peut produire jusqu'à 40 000 œufs par ponte. Le taux de mortalité est important. Quelques jours plus tard, les larves éclosent, ne mesurant alors que quelques millimètres.

Au bout de trois semaines, elles seront devenues des alevins.

Pterois volitans se trouve dans l'océan Pacifique et dans l'est de l'océan Indien de 2 à 55 m de profondeur5.

Dans le reste de l'océan Indien et en mer Rouge, on trouve l'espèce extrêmement voisine Pterois miles, également appelée rascasse volante.

Pterois volitans est présent depuis quelques années dans l'Atlantique et la mer des Caraïbes. Quelques spécimens ont été signalés par les plongeurs de Malendure, au cours de l'année 2010, dans la Réserve Cousteau et les environs de Bouillante en Guadeloupe.

Espèce invasive

Cette espèce a été introduite par l'homme et crée un déséquilibre écologique dans les récifs des Caraïbes. Dans son nouvel habitat, ce poisson n'a pas de prédateur naturel, et la mortalité des œufs et alevins est insuffisante. Sa prolifération est foudroyante, aux dépens des espèces naturelles de poissons de récifs.

On pense que les requins peuvent être des prédateurs de Pterois volitans sans être affectés par les épines vénimeuses7. Une expérience est menée depuis 2011 au Roatan Marine Park du Honduras pour « dresser » les requins à se nourrir de rascasses volantes dans le but de maîtriser les populations invasives des caraïbes.

Cette espèce est si invasive que l'Observatoire de l'eau de Martinique a créé un site de suivi de sa prolifération

Et voila! une dure journée de travail pour ce maigre résultat.

Surement la faute aux poissons lions

Il ne reste plus qu'à procéder au partage ...

Demain sera un autre jour!  une autre partie de pêche.

Demain sera peut être meilleur...

Ou pire ! ! !

Retour sur le port à Saint George's pour vendre le poisson.