Eléphant d'Afrique

Des quelques 300 espèces de mammifères à trompe dotés de défenses qui ont vécu sur Terre, seul l’éléphant a perduré jusqu’à aujourd’hui. Les deux genres actuels d’éléphants, l’éléphant d’Afrique (Loxodonta africana) et l’éléphant d’Asie (Elephas maximus), sont les derniers représentants d’un groupe d’ongulés (mammifères à sabots) : les proboscidiens.

Malheureusement, l'éléphant risque de disparaître de son environnement naturel dans les années à venir. En effet, l'éléphant a besoin d'un vaste territoire pour survivre. L'explosion démographique en Afrique rend l'avenir de l'éléphant plus qu'incertain.

Les éléphants d’Afrique vivent en groupes familiaux. Chaque groupe est dirigé par une matriarche qui décide des déplacements.
Cette femelle est très importante pour la survie du groupe car elle transmet son expérience aux autres femelles. A certaines périodes de la saison sèche, on pouvait à une certaine époque observer des groupes de plus de 100 éléphants.
Malheureusement, ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Ces groupes se déplacent continuellement car leurs besoins en nourriture sont très importants. Ils peuvent avaler jusqu’à 200 kg de végétaux par jour. De plus, pour survivre, il leur faut une ration d’eau quotidienne.

La matriarche connaît les points d’eau, ce qui en période de sécheresse est une garantie de survie.
L'éléphant est très intelligent et sait se servir de sa trompe pour trouver de l'eau.

Les éléphants ont besoin d'eau quotidiennement.

La troupe ne s’arrête que pour manger et dormir car un éléphant a besoin de 3h de sommeil par jour

L’éléphant n’a qu’une seule énorme molaire qui pousse sur chacune de ses demi-mâchoires. Elle est remplacée six fois au cours de sa vie.
Les défenses qui sont en réalité ses incisives pèsent chacune entre 20 et 40 kg chez un mâle. Autrefois, les grands mâles portaient des défenses qui pouvaient atteindre 3,50 m et peser jusqu’à 130 kg.

Les mâles vivent en solitaire et ne rejoignent les femelles que pendant la période d’accouplement.

L'éléphant mâle vit en solitaire.

Le mode d’alimentation des éléphants est primordial pour l’équilibre de l’écosystème. Ils éliminent des végétaux qui ont tendance à envahir le milieu. Grâce à eux, la repousse de l’herbe des prairies est favorisée et ils éliminent en plus les nids des mouches tsé-tsé qui véhiculent de graves maladies.
Ils font également office de débroussailleurs ce qui limite le risque d’incendies.

Enfin, les scientifiques ont constaté, dans la réserve de Hluhluwe, au Natal, il y a 100 ans, que la disparition des éléphants entraînait l’extinction d’autres espèces comme les gazelles ou les gnous.
En effet, certains végétaux ligneux avaient envahi la réserve et « étouffé » l’herbe dont se nourrissaient ces ongulés.

Les éléphants communiquent entre eux avec des infrasons que l’oreille humaine ne peut entendre.

La croissance des éléphants est continue. De même, les défenses ne cessent de grandir tout au long de leur vie.
Les deux défenses ne sont pas égales et comme chez l’homme, il existe des éléphants gauchers. On peut le savoir en observant l’usure des défenses.

La taille d’un mâle adulte est de 7, 5 m de long pour 6 tonnes. Les défenses mesurent environ 1,5 mètre.

La reproduction des éléphants

L’accouplement a lieu tout au long de l’année mais une femelle ne met bas qu’un petit tous les 4 ans minimum après une gestation de 18 à 22 mois.

Pendant cette période des « amours », les mâles connaissent une excitation intense appelée « musth ». C’est à ce moment là qu’ils se livrent à de violents combats.

La durée du musth est liée à l’âge de l’individu. Pendant cette période, les animaux sont dangereux.
Quand un mâle est excité, le musth est produit par une glande située entre l’œil et l’oreille. Cette glande se gonfle et sécrète un liquide noirâtre qui souille la tête de l’éléphant.

Le musth sert également à établir la hiérarchie et se produit une à deux fois par an. En réalité, les combats mortels sont très rares car en général les moins forts se retirent rapidement pour éviter l’affrontement.

Le vainqueur rejoint la femelle et reste avec elle pendant 3 jours environ. Pour pouvoir s’accoupler, il doit soulever ses 6 t et poser ses pattes sur la croupe de sa partenaire. Pour un animal d’une telle taille, c’est un effort considérable.

De ce fait, la copulation ne dure que 20 à 30 secondes mais se répète régulièrement pendant les 3 jours.

Les éléphanteaux

A sa naissance, l’éléphanteau pèse déjà au moins 100 kg. Il boit jusqu’à 11 l de lait par jour jusqu’à ses 3 mois.

Il commence alors à manger de l’herbe puis progressivement intègre de plus en plus de végétaux dans son alimentation. Cependant, sa mère continue à l’allaiter pendant 2 ans.

L’éléphanteau possède des défenses de lait de la taille d’une canine humaine. Comme nos dents de lait, elles sont remplacées par les incisives définitives. Les défenses ne commencent à apparaître qu’à l’âge de 2 ans. Les éléphanteaux sont très joueurs. Ils adorent se bousculer, se grimper les uns sur les autres ou se rouler par terre.
Ils peuvent ainsi chahuter sans aucune contrainte pendant leurs 5 premières années. Ce n’est que vers 10 ans que les jeunes mâles quittent la troupe pour vivre en solitaire tandis que les femelles restent dans la famille toute leur vie.

Chaque éléphanteau est un véritable enfant gâté par toute la troupe de femelles. Rappelez-vous dans ce superbe documentaire « éléphants de Botswana », cette troupe se mettant à genoux et creusant la boue pour permettre à un éléphanteau de remonter de la mare boueuse dans laquelle il s’était embourbé.
Et dans ce même documentaire, on a pu assister à un phénomène exceptionnel, celui de l’adoption d’un petit orphelin par une mère ayant déjà un petit.

Malgré toutes les précautions prises pour les protéger, la mortalité est importante.
Le premier responsable est l’homme qui, en tuant les mères, condamne les petits à une mort certaine.
C’est là que l’on peut constater que l’éléphant est un animal d’une grande sensibilité. L’homme a depuis bien longtemps galvaudé la notion d’amour. J’entends par là l’amour avec un grand A qui peut mener un être à se sacrifier pour l’autre. C’est ce que fait l’éléphanteau qui reste près du cadavre de sa mère et se refuse à suivre la troupe.
Trop vulnérable, le petit périra sous les griffes d’un prédateur.

La famine est la seconde cause de mortalité mais là encore l’homme en est responsable. A force de réduire l’habitat de ces magnifiques animaux, il les condamne à rechercher désespérément de quoi survivre sur un territoire bien trop petit pour eux.

Chaque fois que j’observe des éléphants, je ne peux m’empêcher de penser aux baleines. Morphologiquement, ils n’ont rien en commun bien sûr. Par contre, tout dans leur comportement révèle leur grande intelligence, leur extrême sensibilité et leur amour total pour leur famille

J’ai toujours cette impression étrange que leur taille leur donne une tranquille assurance comme si rien ne pouvait leur arriver. Ils représentent, à mes yeux, ce que l’homme aurait pu devenir s’il avait eu ne serait ce qu’un 10ème de leur intelligence. Cette intelligence de comprendre qu’être le plus fort ne donne qu’un seul droit : celui de protéger les plus faibles.

Le cimetière des éléphants

Les cimetières d’éléphants n’existent pas, par contre certains faits troublants ont été observés.
Nous ne savons pas si l’éléphant a une perception précise de la mort, dans le sens philosophique du terme. Il souffre quand l’un des siens meurt, c’est évident. Les femelles qui perdent leur éléphanteau montrent un comportement dépressif. Que pensent-elles devant le petit corps sans vie

On a pu observer un éléphant prenant dans sa trompe une défense de l’un de ses congénères mort et semblant faire une sorte de « danse » funèbre. Comment interpréter un tel geste ?

L’animal a-t-il compris que la mort est définitive ? A-t-il voulu exprimer son chagrin ? Nous ne le saurons probablement jamais. Ce type de comportement est-il associé à une pensée plus complexe ou non ?

La question est importante car accepter la notion de rituel funéraire inclut la croyance en un au-delà. Cette faculté d’abstraction et de communication est à ce jour purement humaine et n’a jamais été développée par le reste du monde animal.

Une chose est certaine, l'éléphant possède une formidable mémoire. Dans un autre documentaire du National Geographic, une matriarche qui a perdu son éléphanteau, revient à l'endroit où le petit corps s'est décomposé, un an après la tragédie. Pendant, un long moment, elle manipule avec sa trompe les ossements comme si elle voulait rendre la vie à son petit.

Il s'agissait d'un véritable cérémonial.

En Afrique, de nombreux éléphants ont été massacrés. Les adultes, rendus responsables de dommages dans les cultures, étaient abattus à l'arme automatique. Les éléphanteaux, épargnés, en ont été complètement traumatisés. A l'âge adulte, ces mêmes éléphanteaux, ont manifesté un comportement agressif et même meurtrier vis-à-vis des populations locales.

Certains scientifiques sont persuadés que ces éléphants se souviennent du sort réservé à leur clan et ont entrepris une sorte de "vendetta".

Situation actuelle des éléphants

 

Avant l’arrivée des Occidentaux sur le continent africain, on comptabilisait au moins 4 millions d’éléphants.
En 1945, il n’en restait plus que la moitié. Aujourd’hui, il en reste moins de 600 000.

 

Quelques chiffres pour bien monter l’ampleur du carnage :

 

De 1 900 à 1945, 50 000 éléphants ont été abattus chaque année. Malgré l’interdiction, en 1989, les braconniers ont tué 90 000 éléphants

Cette extermination en règle a débouché sur la convention de Washington qui regroupe 105 pays et a rendu illégale l’importation d’ivoire.
Ce n’est qu’en 1990 que l’éléphant a été enfin considéré comme une espèce menacée d’extinction immédiate

Ne nous leurrons pas, le trafic d’ivoire n’a pas cessé. D’une part, les pays exportateurs d’ivoire n’ont pas signé la convention et d’autre part les moyens pour protéger les éléphants sont dérisoires et n’empêchent nullement les braconniers de continuer le massacre.

Encore une fois le Japon est montré du doigt car c’est le plus grand consommateur d’ivoire au monde. Et tant que des pays comme celui là continueront à accepter sans le moindre remord que des espèces soient exterminées pour que certains puissent jouer sur des touches de piano ou avec des boules de billard en ivoire, l’avenir des éléphants et de bien d’autres espèces restera plus qu’aléatoire.
Dans un avenir très proche, si rien n’est fait, observer des éléphanteaux en liberté en train de s’asperger d’eau, ne sera plus qu’un lointain souvenir.

Toutes ces photos ont été prises entre 1987 et 2013.

   - Afrique du Sud ( Province de Northern Cape)

   - Namibie ( Okamandia)

   - Botswana ( Rivière Chobé et delta de l'Okavango)

   - Kenya ( Masaï-Mara et Amboseli)

   - Tanzanie ( Manyara, Sérengeti et Tarangire)

   - Zimbabwe.

J'espère que dans 50 ans, il sera encore possible de faire de telles images!  Mais rien n'est moins sur.